The nun study ∕ l’étude des religieuses  

Il y a 1 an, je donnais une conférence dans un couvent.

On m’avait invité à venir présenter sur la maladie d’Alzheimer et sur le vieillissement cognitif. Je me suis donc dirigée vers Québec pour cette conférence.

Au cours de la journée, plusieurs de ces religieux et religieuses, me posent des questions sur ma conférence et son contenu. En fait, je réalise qu’ils ont tout écouté, compris et retenu. Leur pensée est vive, claire et rapide, ils me posent des questions très pertinentes sur le plan scientifique… plusieurs me semble être aussi alertes que mes étudiants à McGill !!??

En après-midi, je discute de cela avec une collègue. Elle corrobore mes observations et me rappelle une étude : The Nun Study. Un large nombre de sœurs religieuses qui fut étudiées aux États-Unis, à Milwaukee. Selon les études qui en découlent, il semblerait que ce groupe de personnes résiste mieux à la maladie d’Alzheimer. Leur pensée ne se fatigue pas comme le reste de la population, avec l’âge. Certains peuvent développer des troubles de mémoire comme la population mais en général, ce groupe de personnes vieillis mieux que nous. Au cours des dernières décennies, plusieurs auteurs ont publiés sur le sujet. Certains rappellent que les religieuses souffrent très peu d’ACV, très peu d’embonpoint, ou de dépression – des facteurs de risque qui augmentent les chances de présenter les signes typiques de la maladie d’Alzheimer. En fait, pour plusieurs sœurs, leur autopsie montre de grandes quantités de maladie d’Alzheimer dans les cellules de leur cerveau : on retrouve les dépôts de protéine et les mini nœuds à travers les cellules du cerveau. Cependant, leur cerveau ne perd pas de sa densité comme les gens qui développent habituellement les troubles de mémoire. Elle ne présent pas non plus de troubles de mémoire.

Certains auteurs pensent que cela pourrait être dû à divers facteurs : ces femmes auraient entrainé leur esprit à réfléchir souvent, à se relaxer, à méditer. Elles se penchent régulièrement sur des questions fondamentales et réfléchissent longuement. Elles n’ont pas de trauma crâniens ou d’ACV, pas de déficit nutritionnel, pas de stress intense.

La morale de cette histoire : pouvons-nous apprendre du mode de vie des sœurs pour augmenter nos chances de vieillir en santé?

 

Voici quelques extraits d’un article fascinant sur le sujet :

“It would be useful to better understand the biological and perhaps environmental and social reasons that some people tolerate moderate to severe neuropathology and exhibit few, if any, symptoms. The degree of resistance to the clinical manifestation of neuropathology probably relates to events and processes occurring throughout life. The degree of resistance may relate to the amount of brain tissue and synapses developed in early life, the degree of brain damage from head trauma and strokes in middle and later years of life, and the nutritional deficits in middle and later years of life that make brain tissue more vulnerable to neurodegeneration. Even social factors, such as cognitive training interventions, during old age may improve cognitive function (Ball et al 2002 public dans JAMA).  Over the years, scientists have struggled to define and investigate cognitive reserve—the capacity of the brain to resist the expression of symptoms in the face of existing neuropathology. This area of investigation is still in its infancy. However, in a recent critical review of the literature, Stern et al 2002 presented a potentially useful theoretical framework in which to view cognitive reserve. This theoretical model divides reserve into two components—passive and active. To some extent, the passive model of reserve incorporates the biological processes and capacities that people bring to old age that may give them additional biological buffers (for example, brain size and synapse count) against the clinical expression of pathology. The passive component of reserve can be viewed as the degree of development of normal brain function and performance.”

https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/12965975